Installation vidéo pour l'exposition Précipité
Centre d'Art Mains D'oeuvres, Saint Ouen, 14 mars-11 avril 2021
Ensemble de vidéos de durées variables, format HD, musique improvisée par Richard Bonnet
J’ai compris que le seul bonheur ici-bas était d’observer, d’épier, de guetter, de scruter son propre personnage et celui des autres, de n’être rien qu’un regard, qu’un œil immense, légèrement vitreux, quelque peu injecté de sang et qui ne cille jamais. 
Vladimir Nabokov, Le guetteur, 1930
Ce projet a été mené dans le cadre de mon Master de recherche à l'Université Paris 8. Tout en explorant théoriquement le lien entre frontière géopolitique et représentation du sacré en art contemporain, ma pratique s'est peu à peu déplacée vers la notion de frontière intime et interpersonnelle.
J'ai ainsi commencé à filmer dans la rue des situations et des scènes saisies en différents lieux. Le ralentissement du défilement de ces films les transposaient dans un entre-deux image fixe / image animée. Chaque geste capturé est comme transfiguré par l'intensité de l'attention qui y est porté, et l'instant comme sacralisé.
Ainsi m'apparaissait, comme l'avait déjà identifié le sociologue Irving Goffman, que le moindre geste dans la sphère publique est significatif et non fortuit. Pour désigner cette intentionnalité inconsciente, sous-jacente aux interactions dans l'espace urbain, Goffman utilisait l’expression « Nothing never happens » : "rien" n'arrive jamais.
Tout en exploitant ce que l'appareillage technologique pouvait m'aider à voir, j'étais à la recherche d'une position vis à vis du réel qui déstabilise ma place en tant qu'auteur, et qui laisse entièrement sa place à l'autre dans l'acte de création.