Ce projet a été mené à la chambre grand format, le long du littoral turc longeant la mer Noire, depuis Istanbul jusqu'à Hopa, dernière ville avant la Georgie. Karadeniz signifie "Mer Noire" en turc.
Alors invité à parcourir ce pays durant deux mois de 2004, j'avais cherché à en explorer photographiquement, par l'observation et les rencontres, et par le biais du paysage et du portrait, cet état de transition, l'équilibre précaire et les contradictions apparentes de la société turque.

Recep Tayyip Erdogan venait alors d'être nommé premier ministre de la Turquie, et présentait une certaine ambivalence : il s'était construit une image de jeune maire dynamique d'Istanbul quelques années auparavant, et venait de fonder l'AKP, parti islamo-conservateur et nationaliste qui se prétendait à l'époque encore modéré.
Son profil incarnait et menaçait à la fois cet équilibre particulier à la Turquie, tendue entre la "modernité" politique farouchement laïque imposée par Atatürk dans les années 1920, et l'importance symbolique et religieuse donnée à l'Islam, en tant qu'ancienne capitale de l'Empire ottoman.
Karadeniz a fait l'objet d'une exposition au centre culturel turque ACORT, lors des Rencontres photographiques du 10e, à Paris en 2005.
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